Occupation amérindienne

Amérindiens de la vallée du Saint-Laurent

Introduction

Il y a environ 30 000 ans, les premiers humains arrivent en Amérique par le détroit de Béring. Sur le territoire du Québec actuel, le peuplement amérindien préeuropéen se divise selon les périodes chronologiques suivantes :

  • LE PALÉOINDIEN (ancien et récent) 12 000 ans à 8 000 ans avant aujourd’hui;
  • L’ARCHAÏQUE (laurentien, du bouclier et maritime) 8 000 ans à 3 000 ans avant aujourd’hui;
  • LE SYLVICOLE (inférieur, moyen et supérieur) 3 000 ans à 500 ans avant aujourd’hui.

Au cours du Sylvicole supérieur, soit de 1 000 ans à 500 ans avant aujourd’hui, les modes de vie des Amérindiens de la plaine laurentienne se modifient et se diversifient en fonction des conditions environnementales.

Chasse et pêche

La chasse et la pêche permettent aux Amérindiens de la plaine laurentienne de subvenir à leurs besoins alimentaires, mais l’importance de ces activités diminue au profit de la cueillette des végétaux. Les Amérindiens d’ici s’approprient des techniques utilisées par les groupes qui habitent plus au sud comme la culture du maïs et la fabrication de poterie. Cette modification des modes de vie permet une augmentation de la population.

Outils

L’évolution des outils lithiques, c’est-à-dire de pierre, faits pour la chasse et la pêche, témoigne des transformations dans les modes de vie à cette période.

Au Sylvicole supérieur, les outils utilisés pour la chasse et la pêche sont réalisés avec moins d’habiletés que ceux fabriqués au cours des périodes précédentes. En effet, moins présent entre 1 000 ans et 500 ans avant aujourd’hui, l’outillage lithique perd en finesse. Ces outils sont des pointes, des couteaux, des grattoirs et des forets faits de chert (roche sédimentaire) ainsi que des lames et des objets de forme triangulaire qui servent à réaliser des pointes de couteaux.

Poterie

Les premières poteries sont fabriquées au Sylvicole. À l’inverse des outils lithiques, les techniques se raffinent au cours de cette période. Au Sylvicole inférieur, les vases sont modelés avec le poing. Ces vases sont généralement coniques et leurs bords sont droits. Au Sylvicole moyen, les vases sont réalisés avec des colombins faits avec de l’argile mélangée avec un dégraissant (pierres ou coquillages). Des boudins permettent de former le vase. Les parois internes et externes sont ensuite lissées et décorées. Les vases peuvent par la suite être cuits et refroidis. Ils sont utilisés pour la conservation ou pour la cuisson des aliments. Au Sylvicole supérieur, la poterie est plus raffinée. Certains décors permettent même de discerner des liens entre les différents groupes amérindiens.

Familles linguistiques

Les Amérindiens qui habitent le territoire québécois se divisent en trois familles linguistiques et culturelles : les Algonquins, les Inuits et les Iroquoïens. Les villages iroquoïens sont plutôt éloignés du fleuve Saint-Laurent et souvent entourés d’une palissade. Certains groupes de pêcheurs vivent pour leur part en groupements isolés sur les rives du fleuve.

Amérindiens sur le site du Parc historique La Broquerie

Sources archivistiques

En 1890, dans son ouvrage « Une vieille seigneurie, Boucherville. Chroniques, portraits et souvenirs », Louis Lalande soutient que les Amérindiens passent par la rivière Sabrevois pour remonter vers le fleuve Saint-Laurent. Alors qu’il aborde les défenses que Pierre Boucher doit mettre en place afin de se prémunir des attaques amérindiennes, Lalande écrit :

« Boucherville était particulièrement exposée à leurs attaques; car en venant de la Nouvelle-Angleterre, pour monter vers les pays du Nord-Ouest, ou pour attaquer Villemarie [sic], -ce qu’ils firent à plusieurs reprises- ils leur arrivaient [sic] souvent de suivre le cours de la rivière Chambly jusqu’à Sorel; de là, ils se rendaient par le Saint-Laurent jusqu’au ruisseau qui sert de décharge au petit lac, entre Varennes et Boucherville. Quand ils avaient remonté ce ruisseau jusqu’au petit lac, ils revenaient vers le fleuve par la rivière Sabrevois, et arrivaient, après ce détour, derrière le village. »

Recherches archéologiques

La présence amérindienne dans le secteur de Boucherville est aujourd’hui connue et documentée grâce aux recherches archéologiques effectuées sur les Îles de Boucherville. La première trace matérielle de la présence amérindienne sur le site du Parc historique La Broquerie, mise au jour dans le cadre de recherches archéologiques, est un tesson de poterie. Ce tesson est un premier indice de l’occupation amérindienne du secteur découvert en 1981. La présence amérindienne est ensuite appuyée par les recherches archéologiques réalisées aux abords du Parc historique La Broquerie en 2011 dans le cadre des travaux de réfection de rues et par un inventaire archéologique réalisé en 2014. Les découvertes réalisées lors de ces travaux permettent de confirmer et connaître davantage la nature de la présence amérindienne en ce lieu.

La poursuite des fouilles archéologiques dans le Parc historique La Broquerie permettrait d’en apprendre davantage sur l’occupation amérindienne du site.

Occupation amérindienne

Au Sylvicole supérieur, de 1 000 ans à 500 ans avant aujourd’hui, le site du Parc historique La Broquerie est occupé par des Amérindiens.

Foyer

Un foyer découvert près du coin de la rue De La Broquerie et du boulevard Marie-Victorin se révèle être une source importante d’information qui permet de dater la présence amérindienne, mais aussi d’en connaître davantage sur cette occupation. L’étude du foyer indique aux archéologues qu’une structure est mise en place. En effet, le foyer est creusé dans un emplacement désigné et ses dimensions sont importantes, soit environ 75 cm de longueur sur 60 cm de largeur. L’étude archéologique permet aussi d’apprendre que le lieu est occupé durant plusieurs jour, et ce, en raison des objets trouvés, soit des éléments lithiques, des restes d’ossements et de poterie ainsi que d’une accumulation importante de sédiments.

Chasse et pêche

Les Amérindiens chassent et pêchent au confluent de la rivière Sabrevois et du fleuve Saint-Laurent tel qu’en témoignent les nombreux ossements trouvés à proximité du foyer préhistorique. L’analyse des ossements révèle qu’au moins deux espèces animales sont chassées pour subvenir aux besoins alimentaires du groupe. Parmi les ossements trouvés, 240 sont issus de la chasse de mammifères, dont au moins cinq proviennent de castors, et neuf proviennent de la pêche. En ce lieu, les Amérindiens réalisent également des outils utiles à la chasse et à la pêche. Des pointes de projectiles et des objets lithiques sont d’ailleurs trouvés dans la matrice du foyer. Ils y affûtent aussi des outils lithiques puisque les archéologues y trouvent des éclats de pierre issus de ce travail. De plus, le travail de matériaux durs tels que l’os et le bois est possiblement fait sur place, c’est ce que laisse croire une chute de burin trouvée sur le site.

Poterie

Les tessons de poterie et les rebuts d’argile trouvés sur le site nous indiquent que des femmes amérindiennes sont présentes en ce lieu. En effet, les sondages archéologiques permettent de mettre au jour 52 tessons de poterie et d’y relier 69 rebuts d’argile. Les vases fabriqués semblent avoir été façonnés au battoir et à l’enclume, et ce, puisqu’aucun colombin n’est observé dans la pâte. Les parois des vases sont ensuite lissées.